Tontine : Entre liberté et contrainte, une question se pose
Avec la récente décision de la BRB limitant les cotisations individuelles à 5 millions de francs burundais dans les groupements financiers communautaires, notre contributeur Jean Hubert KWIZERA, engagé dans la plaidoirie en faveur d’un environnement propice pour l’entrepreneuriat des jeunes, se pose une question : cette mesure est-elle un frein ou un levier pour l’entrepreneuriat des jeunes ?
Taux d’intérêt bancaire élevé, exigence des garanties et des avaliseurs, absence des institutions de crédit dans les coins les plus reculés, mille et une raisons témoignent de l’importance des tontines pour soutenir les initiatives des jeunes qui, actuellement, sont exposés à un taux de chômage élevé. Ces derniers n’ont pas souvent accès au système bancaire en matière de crédit. Les faits sont là : selon l’enquête nationale sur l’inclusion financière de 2012, seulement 3,7 % de la population burundaise adulte avait un compte dans une banque et 8,8 % dans une microfinance, ce qui justifie la motivation des Burundais à se tourner vers les tontines.
Ce système d’épargne et de financement communautaire, fondé sur des principes de solidarité et de confiance, permet à ses membres de mutualiser leurs ressources pour financer divers projets. Il vient d’être soumis à une décision interdisant aux membres de cotiser des montants supérieurs à 5 millions de francs burundais par personne. Mais cette décision vise-t-elle à protéger les épargnants ou risque-t-elle de freiner les initiatives ambitieuses des jeunes qui cherchent à fuir le système bancaire plein de barrières et d’exigences ?
Une limitation qui freine l’entrepreneuriat des jeunes
Serbie a fait ses ravages et a impacté certains groupements de financement communautaire, où certains ont financé leur départ avec l’argent des cotisations, laissant les membres dans une situation défavorable. Dans ce sens, la décision de la BRB devient louable. En limitant les contributions, la BRB cherche d’une part à éviter les risques de mauvaise gestion des fonds et leur détournement ou l’abus de confiance.
Mais, le revers de la médaille est là. Bien que cette approche puisse réduire les grosses pertes en cas détournement des fonds, cette mesure est comme une barrière qui limite la capacité des tontines à financer des projets révolutionnaires des jeunes Burundais, surtout ceux qui désirent innover dans des domaines qui demandent un investissement important mais qui ne remplissent pas les conditions pour demander un crédit auprès de la banque. En limitant le montant des contributions, la BRB risque de restreindre l’accès à des fonds suffisants pour démarrer et développer des entreprises innovantes pilotées par des jeunes.
Lever les contraintes pour favoriser l’innovation.
Pour encourager l’entrepreneuriat des jeunes, il est essentiel de lever certaines contraintes imposées aux tontines. Une approche plus flexible permettrait de mieux répondre aux besoins des jeunes entrepreneurs. À titre d’exemple, la banque centrale pourrait envisager de fixer des plafonds de contributions plus élevés pour les projets entrepreneuriaux révolutionnaires, tout en maintenant des contrôles stricts pour éviter les abus. De plus, des programmes de formations et de soutien pourraient être mis en place pour aider les jeunes à gérer efficacement leurs fonds et à développer des compétences entrepreneuriales.
À mon humble avis, cette décision de la BRB est un pas vers le soutien des petits projets pilotes par les jeunes, mais il faut viser loin. Si nous voulons atteindre un Burundi émergent d’ici 2024 et développé en 2060, nous devons rêver grand et offrir aux jeunes ambitieux la possibilité de se lancer dans des projets de grande envergure, même s’ils ne remplissent pas les conditions exigées par les banques car, une alternative de financement permettrait de faire évoluer les secteurs les plus porteurs de croissance.
A propos de nous :
Institute for Economics and Enterprises est une Think Tank basé au Burundi qui une mission de produire une société basée sur les principes du libre marché, de l’Etat de droit et de la propriété privée.
Partager ce contenu:
Leave a Reply