La naissance de la Zone de libre-échange continentale africaine a créé l’un des plus grands marchés d’Afrique et du monde. Ses objectifs incluent la création d’un marché continental unique pour les biens et les services avec une libre circulation des personnes et des investissements, ouvrant ainsi la voie à l’accélération de la mise en place de l’union douanière continentale. Le Burundi a signé cet accord le 2 juillet 2018 et l’a ratifié le 17 Juin 2021 par loi no 1/ 17 du 17 Juin 2021 portant ratification par l’Etat du Burundi de l’Accord portant création de la Zone de Libre-Echange Continental Africain (ZLECAF). 

Les avantages de la ZLECAF

Selon la Banque mondiale, la zone de libre-échange africaine peut stimuler la croissance et réduire la pauvreté. Sa mise en œuvre réussie pourrait accélérer l’augmentation des revenus des femmes et sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté en Afrique d’ici 2035. Selon Albert Zeufack, économiste spécialiste de l’Afrique à la Banque mondiale, “la Zone de libre-échange continentale africaine a le potentiel d’accroître les possibilités d’emploi et les revenus, contribuant ainsi à élargir les opportunités pour tous les Africains. Elle devrait permettre à environ 68 millions de personnes de sortir de la pauvreté modérée et rendre les pays africains plus compétitifs“, a-t-il déclaré.

Un raisonnement qui ne tient pas la route

Le Burundi est prêt à entrer dans ce vaste marché. Mais il reste inquiet d’être un dépotoir, comme on peut le voir dans les interventions des dirigeants du pays.

Selon eux, la balance commerciale du Burundi est structurellement négative. Ses conséquences affectent la vie du consommateur qui est obligé d’acheter des produits importés à des prix élevés. C’est cette situation qui inquiète le plus les dirigeants burundais.

Mais ces dirigeants ne devraient pas s’inquiéter de cette situation. Comme nous le savons, le commerce est un échange volontaire entre l’acheteur et le vendeur et doit être mutuellement bénéfique pour les deux parties. Pour l’expert Alexander Hammond, président de the Initiative for African Trade and Prosperity, IATP, “une balance commerciale est le total de millions de transactions individuelles mutuellement bénéfiques – ce qui signifie qu’un déficit commercial est un meilleur indicateur des habitudes de consommation, et est loin d’être une mauvaise chose”. Dans une économie ouverte, les consommateurs restent disposés à choisir entre les biens importés et ceux produits localement. Et ils sont aidés par le prix et la qualité de ces derniers pour prendre cette décision.

Comment tirer parti de la ZLECAF ?

Selon les dirigeants du pays, pour réussir, il faut s’attaquer au problème majeur posé par le protectionnisme de certains marchés mondiaux qui excluent les produits africains. Ainsi, le président du Burundi, S.E. Evariste Ndayishimiye, prône la fierté de produire et de consommer des produits africains et de considérer l’Afrique comme un marché intérieur pour les Africains : « Pour réussir, il y a un défi à relever. Le manque de fierté à consommer nos produits africains justifie clairement la dépendance continue de l’Afrique vis-à-vis des économies étrangères et ce n’est qu’en nous unissant que nous pourrons inverser cette tendance ».

Cela ne suffit pas. Pour d’autres, la première politique est de faciliter l’environnement des affaires au Burundi et en Afrique. Il est nécessaire d’attirer les investissements directs étrangers dans le domaine du transfert de technologie et des connaissances techniques pour augmenter la production. Il faut aussi concilier les moyens de production et la transformation agroalimentaire. Et pour ce faire, les exportateurs burundais doivent bénéficier des avantages liés aux accords commerciaux, notamment la réduction ou l’élimination des droits de douane. Ceci afin que ses producteurs puissent devenir compétitifs dans cette compétition africaine et même mondiale. Sans cela, l’opportunité sera manquée.

En somme, la ZLECAF représente une opportunité pour les États de prospérer par la revitalisation de leur commerce intercontinental et inter-pays. Mais cela nécessite une condition : lutter contre toutes les tentations protectionnistes et les distorsions qui peuvent pervertir le fonctionnement d’un marché concurrentiel. Ceci est aussi vrai pour le Burundi que pour l’ensemble de l’Afrique. 

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