Une étude récente publiée par l’Institut Fraser se demande si les sociétés économiquement libres sont plus susceptibles d’être sexistes en explorant la relation empirique entre la liberté économique et les normes de genre.Les normes de genre font référence aux attentes partagées de la société concernant les rôles que les hommes et les femmes devraient jouer, les règles qu’ils devraient suivre et les comportements qu’ils devraient adopter (ou éviter).

Ces forces culturelles peuvent renforcer les différences entre les hommes et les femmes sur le marché du travail. Les travaux de la lauréate du prix Nobel Claudia Goldin (2021) montrent que les principaux dispensateurs de soins ont tendance à être désavantagés sur le marché du travail. Les principaux dispensateurs de soins recherchent souvent des opportunités d’emploi avec des horaires flexibles et moins de déplacements et prennent des pauses plus longues du marché du travail après chaque enfant. Cela contribue à une baisse des revenus au cours de leur carrière. En fait, l’écart salarial entre hommes et femmes s’explique presque entièrement par les différences dans les choix d’éducation et d’emploi des hommes et des femmes (Blau et Kahn 2017 ; Goldin 1990 ; Becker 1985). Si les normes de genre orientent davantage de femmes que d’hommes vers des rôles de soins, les écarts entre les sexes sur le marché du travail persisteront.

Comment la liberté économique peut-elle influencer les normes de genre ?

Certains chercheurs (Folbre 2009, Nussbaum 2000 et Cudd et Holmstrom 2011) soutiennent que les marchés libres récompensent les participants avec des traits « masculins », renforçant ainsi les normes patriarcales. Cela peut encourager certaines personnes à travailler à domicile plutôt que sur le marché du travail. Et ils ne bénéficieront pas des mêmes récompenses, même si leurs contributions impayées permettent à d’autres de participer pleinement au marché. En outre, Godsee (2018) soutient que les femmes étaient traitées de manière plus égale sous le socialisme puisque l’État promouvait directement l’égalité des sexes sur le marché du travail et dans l’éducation.

Les chercheurs de l’autre côté soutiennent que la participation au marché cultive des comportements vertueux tels que l’honnêteté, la prudence et la tolérance (Montesquieu 1748 et McCloskey 2006, 2010 et 2016). Le commerce nous expose à d’autres cultures, ce qui favorise moins de discrimination (Becker 1971) et une plus grande acceptation de ceux qui remettent en question les normes dominantes (Berggren et Nilsson 2013).

J’ai testé ces théories concurrentes en utilisant deux principales sources de données : le rapport sur la liberté économique dans le monde de l’Institut Fraser et une mesure des normes de genre construite à l’aide de trois questions de la World Values ​​Survey. Ces questions demandent aux personnes interrogées dans 95 pays si elles sont d’accord ou en désaccord avec les affirmations suivantes :

  1. Lorsque les emplois sont rares, les hommes ont davantage droit à un emploi que les femmes.
  2. Les hommes sont de meilleurs dirigeants politiques que les femmes.
  3. L’université est plus importante pour un homme que pour une femme.

Ces réponses ont été utilisées pour créer un score de l’indice des normes sociales de genre (GSNI) compris entre 0 et 1. Les pays ayant un score plus proche de 1 présentent moins de préjugés masculins en matière d’emploi, de leadership et d’opportunités d’éducation, tandis que les pays ayant un score plus proche de 0 donnent plus fortement la priorité aux hommes que les femmes dans ces rôles. J’utilise ensuite l’analyse de régression pour explorer la relation empirique entre la liberté économique et les normes de genre telles que mesurées par le GSNI.

Les résultats suggèrent qu’une plus grande liberté économique est associée à des normes de genre qui traitent les hommes et les femmes de manière plus égale. Cette relation reste valable après contrôle du revenu, des institutions politiques, des libertés civiles et des croyances religieuses. Cela vaut également lorsque l’on examine les normes de genre et la liberté économique passée. Bien que cette étude n’établisse pas de causalité, elle remet en question l’affirmation selon laquelle les femmes sont traitées de manière plus égale sous le socialisme.

Pourquoi est-ce important?

Ce n’est pas seulement une question d’équité. Si notre société présente un préjugé masculin par défaut en matière d’emploi, de leadership politique et d’opportunités d’éducation, et que ce préjugé ne reflète pas les talents, les compétences et les préférences sous-jacentes de ceux qui participent à notre économie, alors nous répartissons mal notre capital humain. Les femmes qui excelleraient dans des rôles traditionnellement masculins ne choisiront peut-être jamais d’exercer ces talents. Les hommes qui s’occupent d’eux peuvent ressentir une pression sociale pour laisser la responsabilité de la garde des enfants à leur partenaire. Dans un monde sans ces préjugés, les gens seraient mieux à même d’affecter leurs talents à leurs utilisations les plus valorisées, ce qui entraînerait probablement un plus grand épanouissement humain. De cette façon, les préjugés sexistes nuisent à tout le monde.

Une implication politique importante peut également être tirée de ces résultats. Les efforts mondiaux visant à améliorer les performances des femmes sur le marché du travail se sont multipliés en recourant à des mandats politiques tels que des quotas par sexe et des lois du travail favorable à la famille. Cette étude suggère qu’il est peut-être temps d’explorer une voie alternative : la liberté économique.

Cette Article a été publié initialement en Anglais par Fraser Institute et traduit en français par Institute for Economics and Entreprises.

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