L’union fait la force, imitwe ikora ikoranye, ubugirigiri bugira babiri, etc. c’est à partir de ces adages que le Burundi fait face, depuis et même avant l’indépendance, à une explosion des coopératives qui mènent des activités dans tous les secteurs de la vie économique et sociale du pays. Toutefois, ces coopératives ont été la proie facile de l’interventionnisme, du protectionnisme de l’Etat et cela a dérogé leur statut et par effet leur développement évolue en dents de scie. Les libéraliser pourrait-il être un bon remède ? point avec Guy Marie Eloi.

Passons d’abord à un petit historique des coopératives

Les coopératives ou les groupements de solidarité ne datent pas d’hier. Avant la période coloniale, dans le pays de Mwezi comme en Afrique en générale, existait des formes traditionnelles d’entraide mutuelle basées essentiellement sur la solidarité de la famille élargie ou du village dans presque tous les domaines de la vie sociale. Pendant la période coloniale, vers les années 1910, fût créer des sociétés indigènes de prévoyance (SIP) qui étaient d’une part des organisations remplaçant la chefferie traditionnelle démise de ses fonctions par l’autorité coloniale et d’autre part une réaction face aux pratiques usuraires des commerçants. En 1946, les SIP deviennent sociétés de prévoyance (SP) et sont sous contrôle des colonies. Vers 1947, furent les sociétés mutuelles de production rurale (SMPR) qui sont plus orientées vers la production que la prévoyance. Les SP et les SMPR devraient progressivement se transformer en sociétés mutuelles de développement rural (SMDR) afin de préparer les futurs Etats indépendants à la gestion de leurs propres affaires.

Nonobstant, les colons avaient le monopole total dans toutes les transactions commerciales. C’est pourquoi le héros de l’indépendance, petit fils de Mwezi, a créé la Coopérative des Consommateurs et Commerçants du Ruanda-Urundi(CCRU) agrée en mars 1955 et la Coopérative des Commerçants du Burundi (CCB) agrée en juin 1957 pour concurrencer le commerce des étrangers. Dans les années suivantes, les coopératives ont été créées et encadrées par les pouvoirs publics, précise Alexis Ndabarushimana, spécialiste en sociologie du développement rural. Cette intervention de l’Etat a fait que ces coopératives connaissent une évolution en dents de scie et l’esprit coopératif a manqué et les conditions de vie des membres coopérateurs se sont dépréciées, poursuit Alexis.

Rôle de l’Etat dans la promotion des coopératives

Les coopératives sont des organisations autonomes et indépendantes contrôlées par les membres, raconte l’économiste Néerlandais Koopmans. L’indépendance des coopératives vis-à-vis du gouvernement et des entreprises privées est la plus possible préservée. Le rôle des autorités publiques se limite donc à créer un environnement favorable à la formation des coopératives, en établissant notamment un cadre légal adapté. Toute intervention de l’Etat devrait donc préserver le maintien de l’indépendance des coopérateurs dans leur prise de décision, poursuit Koopmans.

L’économiste français Klatzmann martèle la nécessité d’indépendance des coopératives en ces termes : « Les coopératives doivent naître spontanément, mais si ce sont des coopératives imposées par le gouvernement non. Si les coopératives naissent spontanément, que le gouvernement les favorise d’accord, mais qu’il ne les organise pas. »

Rôle des coopératives dans le développement économique du pays

Selon l’agence des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), les coopératives jouent un rôle important en aidant les petits producteurs agricoles et les groupes marginalisés, notamment les jeunes et les femmes. Elles contribuent à l’émancipation économique et sociale de leurs membres et créent des emplois durables en milieu rural en recourant à des modèles d’activité capables de résister aux chocs économiques et environnementaux.

Selon toujours (FAO), les coopératives ouvrent des perspectives aux petits producteurs agricoles et leur offrent une vaste gamme de services, notamment en améliorant leur accès aux marchés, au crédit, aux ressources naturelles, à la formation et à l’information. Elles facilitent également la participation des petits producteurs à la prise de décision à tous les niveaux, les aident à sécuriser leurs droits fonciers, à négocier dans de meilleures conditions leurs contrats et à obtenir des intrants agricoles à meilleur prix, notamment les semences, les engrais et l’équipement. Grâce à cet appui, les petits producteurs peuvent améliorer leurs conditions d’existence et jouer un rôle accru pour répondre à la demande croissante de denrées sur les marchés locaux, nationaux et internationaux, contribuant ainsi à la lutte contre la pauvreté, à la sécurité alimentaire et à l’éradication de la faim, poursuit FAO. Enfin de compte, « les coopératives construisent un monde meilleur », souligne l’Assemblée Nationale des Nations Unies lors de l’année internationale des coopératives en 2012. 

Enfin, à mon simple regard, le gouvernement devrait envisager des réformes innovatrices et participatives incluant le processus de libéralisation des coopératives. Comme il encourage la coopération de la population, cela devrait aller de pair avec la volonté de les libéraliser, de les laisser leurs droits de propriété pour qu’ils s’organisent et se dirigent en accord de leur consentement. Cela assurera ainsi le développement économique des membres coopérateurs, puis celui du pays en retour.

Références :

  1. Cours de Gestion  des Cooperatives agricoles en Master I UB par Gahiro Leonidas
  2. https://www.researchgate.net/publication/372796187_Contribution_des_Cooperatives_a_l’Amelioration_des_Conditions_de_Vie_des_Cooperateurs_au_Burundi
  3. https://www.iwacu-burundi.org/les-cooperatives-collinaires-face-aux-multiples-defis/
  4. https://www.yaga-burundi.com/cooperatives-rwagasore-au-dela-des-groupements-economiques/on

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