Burundi : Impact de la loi Budgétaire 2025-2026 sur la croissance économique

La Loi de Finances 2025-2026 du Burundi, fixant le budget général de la République à plus de Quatre mille huit cent vingt et un milliards BIF, est un instrument clé pour orienter le développement économique du pays. Bien que le document budgétaire ne détaille pas explicitement les projections de croissance, l’examen de ses sources de financement et de la structure générale des dépenses permet d’esquisser son impact potentiel sur la trajectoire économique du Burundi. Point avec Lambert Nduwayezu, fondateur de l’Institute for Economics and Entreprises.
Les piliers du financement : entre autonomie et dépendance
Le budget burundais pour l’exercice 2025-2026 repose majoritairement sur les recettes courantes, qui s’élèvent à plus de 3 261 milliards de BIF. Au sein de cette catégorie, les recettes fiscales (plus de 2 319 milliards de BIF) en constituent la principale composante, avec une contribution significative des impôts sur les biens et services, ainsi que ceux sur les revenus et le commerce extérieur. Cette prépondérance des recettes internes est un signe positif d’autonomie budgétaire croissante, et une collecte fiscale efficace est fondamentale pour financer les services publics et les investissements productifs. Les produits non fiscaux (plus de 942 milliards de BIF), issus notamment des ventes de biens et services et des droits administratifs, complètent ce tableau.
Cependant, une part substantielle du financement provient des dons, atteignant plus de 1 326 milliards de BIF, principalement des fonds dédiés à des projets avec financements extérieurs. Si ces dons sont cruciaux pour soutenir le développement et combler les déficits, une forte dépendance à l’aide internationale peut introduire une certaine vulnérabilité économique. Car coincés dans un environnement d’ aide, il n’y a aucune incitation pour les gouvernements à chercher d’autres moyens plus efficaces et plus transparents pour financer le développement, comme nous le trouvons ici . La prévisibilité de ces flux et leur alignement avec les priorités nationales de croissance durable sont des facteurs essentiels.
Les produits exceptionnels, ceux qui ne concernent pas l’exploitation de l’entreprise dans un cycle d’activité normal, (plus de 232 milliards de BIF), bien que significatifs, sont par nature non récurrents (tels que le remboursement d’avances sur subvention des engrais ou la récupération de fonds). Ils offrent des opportunités pour des financements ponctuels mais ne peuvent servir de base stable pour une croissance continue.
Allocation des dépenses : moteur ou frein de la croissance ?
L’impact de la loi budgétaire sur la croissance économique dépendra avant tout de la manière dont les ressources seront allouées. Une répartition favorable aux dépenses d’investissement dans des secteurs clés est cruciale. Si le budget privilégiera le développement d’infrastructures – routes, énergie, télécommunications -, soutiendrai l’agriculture – modernisation, accès aux marchés -, promeut l’industrialisation ou renforce le capital humain – éducation, santé -, il jettera les bases d’une croissance à long terme. Normalement, ce sont ces genres d’investissements qui augmentent la capacité productive d’un pays, qui améliorent la productivité et qui attirent potentiellement l’investissement privé.
À l’inverse, une prédominance des dépenses de fonctionnement – salaires de l’administration, subventions non productives- sans contrepartie en termes d’investissement productif pourrait limiter l’élan de croissance.
Cependant, avec la loi budgétaire 2025-2026, nous constatons que le Ministère des finances, du budget et de la planification économique possède le budget le plus élevé. Son budget pour l’exercice 2025/2026 s’élève à 1 729 760 585 657 BIF
Défis et opportunités pour la croissance
La Loi de Finances 2025-2026 est confrontée à plusieurs défis et opportunités pour stimuler la croissance :
1. Optimisation fiscale : Le défi est de maximiser la collecte des recettes fiscales sans imposer un fardeau excessif qui pourrait freiner l’activité économique privée. Une fiscalité stable et prévisible est un atout pour les investisseurs.
2. Diversification des sources de revenus : Réduire progressivement la dépendance aux dons par une augmentation structurelle des recettes internes est essentiel pour une croissance autonome et résiliente.
3.Gestion de la dette : La prudence dans l’endettement public est primordiale. Une gestion saine de la dette permet d’éviter que le service de la dette ne monopolise des ressources qui pourraient être allouées à des investissements productifs.
4.Stabilité macroéconomique : Une politique budgétaire cohérente avec la politique monétaire est nécessaire pour maîtriser l’inflation et maintenir un environnement macroéconomique stable, indispensable à l’investissement et à la confiance des acteurs économiques.
En conclusion, la Loi Budgétaire 2025-2026 présente un cadre financier qui, s’il est exécuté de manière stratégique, a le potentiel de soutenir la croissance économique du Burundi. L’accent mis sur la mobilisation des recettes internes est une direction louable. Cependant, l’impact réel dépendra de la priorisation des investissements productifs, de la diversification des sources de financement, et d’une gestion macroéconomique rigoureuse pour transformer ces chiffres budgétaires en une prospérité tangible pour les citoyens burundais.
A propos de nous :
Institute for Economics and Enterprises est un Think Tank basé au Burundi qui une mission de produire une société basée sur les principes du libre marché, de l’Etat de droit et de la propriété privée.
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