Les leaders économiques du pays : Joignez les actes aux paroles
La récolte du maïs pour la saison culturale A bat son plein dans tous les coins du pays. Contre toutes attentes, la plupart des fois, ils ne gardent que des reçus à la place d’argent. Ainsi, certains se retournent-ils aux commerçants spéculateurs qui les profitent.
L’annonce du début de la collecte et de l’achat de la production de maïs est sortie le 15 Février 2024. C’était dans un communiqué conjoint du ministère de l’agriculture, élevage et de l’environnement et celui du commerce et lu à la presse par ce dernier. La ministre a été précise « le prix est fixé à 1700Fbu par Kg pour les grains de maïs secs et propres. L’activité s’exécutera dans toutes les zones du pays par l’ANAGESSA ».
Pour la population agricole, la nouvelle est tombée à point nommé vue que le processus de récolte avait commencé et que le bilan de la saison A s’annoncé positif. Ils avaient pris à la lettre l’annonce du ministère du commerce. Se faire enregistrer et identifier par l’agent de ANAGESSA, se faire payer sur place et recevoir un reçu de payement. Un reçu à garder jalousement, pour s’en servir après au cas où on souhaiterait racheter du maïs auprès de l’ANAGESSA. Le message était clair pour eux. Mais l’argent allait être échangé sur place.
Quand la parole et l’acte ne riment pas ensemble
La campagne a alors commencé le 19 Février comme fixé par le Ministre. Les agriculteurs qui étaient restés à leur soif ont afflué vers les lieux de collecte. La production est d’autant supérieure qu’on ne s’y attendait pas : « Nous accueillons environs 25 tonnes par jours alors que nous ne sommes que trois employés. » indique un agent de l’ANAGESSA trouvé au point d’achat en Commune Tangara. Il a indiqué avoir accusé une carence d’employés à pouvoir satisfaire les clients qui ne cessent de venir.
De l’autre côté, les clients s’indignent de deux choses : Passer une journée sans être reçu et rentrer sans argent. « Je suis ici depuis le matin, moi et ceux qui m’ont aidé à apporter du maïs. Voilà qu’il est 16heures. Je ne suis pas encore reçu. Le pire, on donne des reçus à la place de l’argent. Qu’est ce qu’alors je vais payer les portefaix ? » se lamente un client au milieu de trois sacs bien remplis de maïs. D’un autre côté, un autre client, assis sur son sac de maïs d’ajouter : « il serait mieux ne nous payer moins que les 1700 Fbu le Kg, mais rentrer l’argent dans les poches ».
Pour eux, l’achat de maïs n’est différent en rien de celui du café où l’on est obligé d’attendre des mois et des mois.
Et s’ils se retournent aux marchés parallèles ?
Sachant que des commerçants usuriers se produisent en période de récolte, le gouvernement a mis en place des mécanismes de barrière contre cette pratique pour l’intérêt des producteurs :
Pour justifier d’où est venu la récolte de plus de 500 Kg, le vendeur doit apporter tous les bons d’achats des fertilisants étant donné que pour produire une telle quantité, l’achat des fertilisants requiert une dérogation spéciale. Pour ceux qui ont fertilisé avec de la fumure organique, ils doivent avoir un document de reconnaissance dûment signé par le chef de la colline à laquelle l’agriculteur réside.
De surcroit, les administratifs à la base sont également mis en garde.
« Une enquête minutieuse sera faite jusqu’au niveau des champs pour ceux qui vendront un surplus de la récolte pour savoir si exactement ils ont vendu leurs propre récolte », avait précisé le Ministre du commerce. Et de marteler : « Les autorités administratives qui passeront outre ces mesures et qui comploteront avec les commerçants seront puni conformément à la loi ».
Toutefois, les producteurs qui se sont confiés à nous ont révélé que pour pouvoir s’acheter de petits articles et payer la main d’œuvre, ils vendent une certaine quantité aux marchés parallèle, juste pour se tirer d’affaire. « Ils donnent entre 1000 Fbu et 1500Fbu. Et là, pour les acheter on doit d’abord les supplier. Ils se moquent (les agents du marché parallèle) de vous en disant : Allez vendre à l’Etat qui vous donne une somme énorme ! »
Face à cette situation, il sied de se demander si l’Etat s’était bien préparé à collecter et acheter toute la production de maïs. Avait – il fait une étude pour estimer la quantité de produits à recevoir et le budget à rendre disponible?
Pour l’immédiat, dans l’intention de ne pas pousser les producteurs au désespoir et découragement qui conduirait à l’inactivité, l’Etat est appelé à inviter quiconque à mesure d’acheter les grains de maïs à le faire sans aucune autre exigence que le prix fixé par le marché. Et dans l’avenir, avant de fixer le prix, devra-t-il faire une étude approfondie avant de lancer la campagne de collecte des grains de maïs et déterminer le budget y relatif. Sinon, la population ne se fierait plus aux dires du gouvernement.
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