Avant la colonisation en Afrique, il était jugé absurde pour les chefs traditionnels de faire des promesses de création d’emplois pour les jeunes et de petites économies. Pendant la colonisation, les territoires colonisés sont restés non libres. L’une des conséquences directes de l’esclavage était que les maîtres coloniaux créaient des emplois, mais ces emplois n’ont jamais rendu les populations locales prospères. Les salaires, les réglementations, le climat d’investissement étaient affectés par les planificateurs centraux. Il était difficile pour les gens de créer facilement leurs entreprises.

Après l’indépendance, l’histoire n’a pas beaucoup changé, si ce n’est que les problèmes qui continuent de se multiplier jour après jour. Pour le Dr George Ayittey, économiste de renom, « nous avons échangé une série de maîtres (les colonialistes blancs) contre une autre série (les néo-colonialistes noirs) et l’exploitation et l’oppression du peuple africain se sont poursuivies sans relâche. » Le moyen moral de parvenir à la prospérité a été grandement déformé. Il n’est donc pas surprenant que les Africains continuent de connaître des taux de chômage élevés et presque toutes les initiatives de la lutte contre pauvreté vouées à l’échec car elles sont “économiquement frivoles” et aveugles à la vérité.

Quid de la liberté économique en Afrique ?

Selon l’indice de liberté économique de l’Héritage Foundation, nous trouvons que l’économie des pays de l’Afrique Sub-Saharienne reste majoritairement dans la catégorie « économiquement non libre ». Sur 47 pays classés, 31 possèdent ce statut et le Burundi se trouve parmi les 9 pays avec le statut à économie « réprimée » alors que le Rwanda, qui est classé 47e sur 178 pays, apparaît comme le premier pays africain. D’après le classement, 9 des 18 pays de la catégorie des pays réprimés sont des pays africains. Selon la fondation, “la liberté économique est le droit fondamental de chaque être humain à contrôler son travail et ses biens.” Dans une société économiquement libre, la majorité de la population vit dans l’abondance simplement parce que les individus sont libres de travailler, de produire, de consommer et d’investir de manière plus édifiante.

Dans les sociétés économiquement libres, la liberté d’entreprendre, qui est un sous-ensemble de la liberté économique, est garantie. Les gouvernements limitent leur ingérence dans la libre circulation des capitaux, de la main-d’œuvre et des biens. Dans les pays économiquement libres, les gouvernements mettent l’accent sur le rôle central du gouvernement dans la sauvegarde de la liberté.

Dans une société économiquement libre, le rôle du gouvernement serait de se concentrer sur l’élimination des obstacles qui entravent l’épanouissement humain et l’esprit entreprise. Par exemple, la réduction ou même l’élimination des coûts de l’enregistrement et la bureaucratie pour les jeunes entrepreneurs. Pourquoi le gouvernement ne réduit-il pas de 50 % le coût de l’enregistrement d’une entreprise pour les jeunes entrepreneurs ? Si l’idée est de collecter des fonds, la réduction du coût de l’enregistrement des entreprises n’attirerait-elle pas davantage d’entreprises et n’augmenterait-elle pas les recettes ?

Besoin de subventionner les entrepreneurs ?

Le capital reste un défi majeur pour les entrepreneurs, de même que les taux d’intérêt élevés. La perception selon laquelle les entrepreneurs ont besoin de “l’argent du gouvernement” est erronée. Les entrepreneurs ne veulent que les fonds du gouvernement parce que celui-ci leur rend difficile l’accès aux fonds provenant de sources volontaires telles que les institutions financières, la capitalisation de leurs profits tapé par les des impôts lourds, etc. Si le gouvernement doit fournir des fonds aux entrepreneurs en soutirant de l’argent aux autres entrepreneurs par le biais de la fiscalité, quel sera alors le sort des entreprises existantes ? Ne vont-elles pas fermer leurs portes ? Pour assurer un financement durable, les entrepreneurs ont besoin des services d’autres entrepreneurs qui peuvent fournir des services financiers axés sur la valeur et assortis de conditions favorables. Les gouvernements devraient se poser plutôt ces questions : Comment l’entreprenariat peut-il prospérer ? Comment les entrepreneurs peuvent-ils accéder à des prêts bon marché et flexibles ?

Nouvelle vision pour avancer ?

Cette conclusion de Charles Koch, homme d’affaire, nous donne la piste : « J’ai étudié les principes qui sous-tendent la paix et la prospérité et j’en ai conclu que le seul moyen d’atteindre le bien-être de la société était de mettre en place un système de liberté économique » Si les citoyens félicitent leurs politiciens qui les pillent et misent sur le populisme pour créer des emplois, la prospérité diminue.

Pour améliorer la donne, les gouvernements devraient mettre en œuvre des réformes profondes, larges et bien institutionnalisées qui laisse le champ à la prise de décision individuelle (entrepreneurs) et laisser leurs choix être guidés par les informations fournies par les marchés seuls.  Aussi, la tendance peut être inversée si les citoyens rejettent le dogme populiste et toutes les formes de pillage, qu’elles soient légales ou illégales. Tout intervenant doit embrasser un processus régi par l’offre et la demande. Le système des marchés fournit des informations en temps réel sur les prix et une discipline pour ceux qui ont pris de mauvaises décisions. Et ces informations sont d’une importance capitale dans la promotion de libre esprit d’entreprise en Afrique et par conséquent réduire la pauvreté dans notre continent.

lambert-done-1 La liberté économique et l’entrepreneuriat comme tremplins de la lutte contre la pauvreté en Afrique ?
Par Lambert Nduwayezu, Fondateur et Directeur Exécutif de l’Institute for Economics and Enterprises

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