Au Burundi, la question de devises reste un casse-tête. Alors que le cours moyen de change du dollar est de 2004 BIF,9300 BIF selon la banque de la République du Burundi ; les billets verts sont toujours une denrée rare car sur le marché parallèle un dollar vaut plus de 3400 BIF, soit une hausse d’environ 76% sur le taux d’échange officiel. L’exportation minière pourrait-elle changer la donne ?

Pour comprendre la problématique des devises, il faut retourner aux fins fonds, là où tout a commencé. La crise de 2015 a conduit le Burundi dans un manque criant de billets verts pour compléter l’importations des produits stratégiques pendant la période de gel des aides étrangères et baisse des capitaux étrangers. Cependant, la diminution de la production du café et du thé, principale source de devises ne faisait qu’enfoncer le clou.

Selon un rapport de l’Agence Ecofin publié en 2019, les exportations minières ont dépassé celles du thé et du café, elles ont totalisé 12,4 millions de dollars en une période de trois mois, faisant du secteur la principale source de devises étrangères : « Le secteur minier apporte maintenant plus de 50% des devises étrangères. Il y contribuera encore davantage, jusqu’à 70 % dans le futur. Le secteur minier apporte plus que ceux du café et du thé réunis », lit-on dans le rapport.

Diversifié les sources des devises à tout prix !

À l’aube de la pénurie récurrente de la monnaie étrangère, le gouvernement de Gitega a essayé tant bien que mal de maîtriser la situation en prenant certaines mesures comme par exemple l’obligation des Organisations internationales à domicilier leurs comptes en devise à la banque centrale, la règlementation des retraits en espèces de devises dans les banques commerciales, l’interdiction des opérations commerciales sur le territoire national en devise et la suppression des bureaux d’échange. Mais de là aussi, nous restons à court des devises nécessaires pour combler nos importations.

La source des devises au Burundi reste limitée. Néanmoins, il y a d’autres moyens qui pourraient contribuer dans l’approvisionnement du dollar comme l’exportation des produits manufacturiers, le tourisme, etc. À titre d’exemple , la Tanzanie, récolte des recette d’environ 2.5 milliards de USD dans le tourisme, alors que au Kenya c’est d’environ 1.6 milliards USD.

Le Burundi est un pays extrêmement riche en sous-sol et autres biens naturels malgré son déficit commercial chronique couronné d’un faible revenu récurrent. Compter sur l’exportation de certains produits agricoles n’a jamais aidé le cœur d’Afrique de se sortir de la pauvreté depuis plus de cinq décennies. Il est alors temps d’ouvrir grandement les yeux et essayer d’autres pistes comme l’exportation de son sous-sol qui a déjà démontré ses atouts au cas où sa commercialisation se faisait en respectant les principes d’un marché libre. De cette manière le Burundi pourrait rapatrier autant des devises nécessaires pour relancer son économie.

Par Lambert Nduwayezu,

Fondateur et Directeur Exécutif

Institute for Economiques and Entreprises

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