Le Burundi, avec un taux d’inflation des produits alimentaires de 15,1% en mars 2022, reste un pays où le mot “pénurie”  rime  facilement avec corruption.  A partir d’un 2000 Fbu donné ici et là, pour  avoir ceci ou cela en plus de la surtaxation, cette corruption devient une entrave au développement des petites entreprises. Notre collègue Romaine Gaby nous emmène à la rencontre des jeunes entrepreneurs.

Dans un système économique qui fait face à la recrudescence de la corruption, les grandes entreprises ont tendance à monopoliser le marché en évinçant leurs concurrents par tous les moyens qui piétinent les principes du marché libre. Parallèlement, les ponts de vins imposés aux détenteurs de petits business pour accéder au marché ou aux capitaux affectent de plus en plus l’entrepreneuriat des jeunes, ce qui met à genou l’esprit de la libre innovation et incite à la désobéissance fiscale et affecte ainsi les recettes publiques.

Analysant la complexité de l’économie burundaise, les chiffres laissent deviner que le pays des tambours souffre encore de la corruption chronique. Classée à la 168ème sur 180 pays dans l’indice de la corruption au monde, l’économie du Burundi continue à faire face aux vents contraires avec une croissance économique de 3,3 % en 2022, un produit intérieur brut (PIB) de 267 dollars américains et un taux d’inflation de 17,57 % au mois de juin 2022 tandis que les chiffres de l’Institut des statistiques et d’études économiques du Burundi (Isteebu) montre que le taux d’inflation des produits alimentaires est passé de 8,3% en novembre 2021 à 15,1% en mars 2022. Cette situation laisse les jeunes entrepreneurs perplexes.

De la corruption à la pénurie, une contre marche.

Pour dire vrai la corruption a existé depuis des lustres mais lorsqu’un pays qui peine à trouver du sucre, du ciment, des boissons,…  pour sa population alors que les usines transformatrices travaillent à la normale, il est sûr que cette corruption doit s’aggraver. L’entrepreneur, abasourdi, se voit obligé de mettre tout ce qui est à sa disposition pour assurer la production de ses limonades, pâtisseries, … d’autant plus que la demande ne fait qu’augmenter du jour au jour sur le marché. Par conséquent, il n’a d’autres choix que de donner le billet rouge (allusion au billet de 2000 BIF) pour accélérer la livraison ou bien acheter le service avant les autres.

 Ils témoignent…

« Je suis désolé de le dire mais depuis que j’ai enregistré mon entreprise à l’agence de développement du Burundi ADB, je ne fais que dépenser ici et là pour voir si mes marchandises arrivent à temps dans mes boutiques », se lamente Ladislas Ntunzwenimana, propriétaire d’une mini-boulangerie à Kamenge.

En effet, les coûts de déplacement ont flambé au pays de Nyaburunga avec la crise pétrolière de 2022 causée par la guerre en Ukraine. « C’est très difficile à expliquer. Imaginez-vous ! Avant la crise, 10 sacs de farine de blé étaient transporté à 2000 Fbu par un taxi-vélo. Aujourd’hui, avec la délimitation de la circulation des motos, Bajaj et des vélos, 10 sacs sont acheminés à la boulangerie pour 12.000 Fbu par un taxi voiture. Et ceci dépend des jours. Parfois le carburant manque partout et pour éviter une rupture de stock, je file un dix milles francs à un gars pour me faire ce deal », continue-t-il.

« … Là je ne calcule pas des bières achetées par ici et par là pour trouver cette personne capable d’avoir le carburant à tout moment. Aussi, les prix de transports vont parfois jusqu’à 20. 000Fbu. Sérieusement, je travaille pour ne pas fermer. Je ne fais que dépenser. »

Cette situation est partagée par plusieurs jeunes qui travaillent tant bien que mal juste pour joindre les deux bouts du mois. A cela s’ajoutent la problématique du secteur informel qui emploi beaucoup de jeunes, mais qui reste jusqu’ici malmené par les pouvoirs publics.

Renverser le tir, c’est encore possible.

Certes le gouvernement essai tant bien que mal pour booster l’entreprenariat des jeunes, en témoignent la création de la banque des jeunes et le programme PAEEJ. Nonobstant, pour sortir dans la pauvreté, le Burundi a encore un long chemin  à faire, c’est-à-dire que la politique économique en vigueur doit s’inspirer avant tout  aux principes du marché libre et aux règles de la libre concurrence en jugulant toute perversion et malversation économiques liée à chaque tentative de corruption. Au contraire toutes les initiatives ne pourront pas aboutir

De cette manière les jeunes entreprises et particulièrement celles des jeunes  pourraient avoir la chance d’accéder librement aux marchés et aux capitaux afin de contribuer dans activement dans l’accessibilité et diversification des produits, tremplins du développement économique du pays.

A propos de nous:

Institute for Economics and Enterprises est un Think Tank qui promeut la liberté économique et individuelle au Burundi en particulier et en Afrique en général.

Partager ce contenu: