Pour générer un climat favorable au libre marché et à la liberté concurrentielle, l’équité dans les procédures visant à accéder sur le marché est plus que nécessaire. Mais que ce passe-t-il quand le favoritisme ou le népotisme s’en mêle ? Le point avec notre confrère Jean Hubert KWIZERA.

Le Burundi fait partie des pays qui enregistrent un faible taux de liberté d’entreprise avec un pourcentage de 27,5 % selon  l’indice de liberté économique. Ce faible taux peut s’expliquer d’une part, par le favoritisme et le népotisme qui est monnaie courante. Avec la lenteur et les coûts de transaction qui quelquefois sont élevés, certaines personnes font recours au trafic d’influence, à la corruption ou à tous les moyens possibles pour recevoir des faveurs et accroître la rapidité des transactions.

Or, l’intervention de la corruption pour obtenir une faveur est considérée comme une sorte d’investissement, ce qui conduit à la recherche de plus de profits dans le but de combler le vide des dépenses occasionné par la recherche de ces faveurs, et les conséquences se répercutent sur la libre entreprise. Ceci explique ainsi les recrudescences des spéculations et pénurie des produits stratégiques et un taux d’inflation qui culmine à l’horizon de 17.5% alors que la moyenne de la hausse des prix pour les pays en voie de développent est estimée à 8.7% pour l’année 2022.  

Du favoritisme au capitalisme de copinage ?

Le capitalisme de copinage  désigne une économie dans laquelle la réussite en affaires dépend de relations étroites entre le business et le pouvoir : favoritisme dans la distribution des autorisations légales, subventions gouvernementales, allégements fiscaux, etc.  Plus grand est le budget de l’État, plus les occasions de copinage existent.

Au Burundi, l’économie en place n’échappe pas à cette définition. En effet, l’impact du favoritisme et du népotisme sur la libre entreprise ne sont plus à démontrer. Les faits parlent d’eux-mêmes, en témoignent les monopoles récurrents et la faillite de l’entreprise publique. Ces derniers se présentent comme des agents perturbateurs qui coûtent cher aux entreprises défavorisées  qui se retrouvent en situation de désavantage concurrentiel sans oublier que le favoritisme ou le népotisme entraîne une mauvaise gestion des entreprises publiques, et dans le pire des cas ils conduisent au capitalisme de copinage qui est l’arme de destruction de la liberté économique .

Or, avec un désavantage concurrentiel qui déséquilibre le marché et qui nuit à la croissance de petites et moyennes entreprises, certains entrepreneurs se retrouvent évincés et voient leur petit business disparaître petit à feu. Par contre, en l’absence de la concurrence, les choses deviennent de plus en plus difficiles, car, sans la concurrence, l’amélioration de la production par les entreprises est souvent négligée, en raison de la baisse de la compétitivité et le menu des produits, soit la quantité et la qualité diminuent d’où les spéculations, les fraudes et les pénuries et patati patata. Également, les consommateurs se retrouvent leur liberté de choix bafouer.

Des exemples,….

L’évidence est qu’au Burundi, certaines entreprises ont monopolisé le marché. A titre d’exemple, on peut voir la SOSUMO pour la production du sucre, BUCECO pour la production du ciment et la REGIDESO pour la production de l’eau et de l’électricité. Mais, bien que ces entreprises jouissent du monopole, elles ne parviennent pas à satisfaire la demande, ce qui entraîne souvent de diverses spéculations, pénuries et fraudes.

Pour les pagnes et les tissus, une commerçante évoque l’existence des fraudes organisées impliquant certaines autorités et les forces de l’ordre. Elle témoigne qu’ellevoit de temps en temps des gens qui débarquent avec des pagnes et que souvent, ils utilisent des voitures luxueuses qui ne sont pas destinées au transport des marchandises. Dautres vendeurs témoignent que certaines autorités et les agents des forces de l’ordre se déguisent en agents de l’OBR et négocient avec les fraudeurs pour les laisser passer. En conséquence, il y a une mévente des pagnes pour les commerçants qui passent par les services de la douane.

Que faire alors ?

Ce dont les commerçants ont besoin aujourd’hui, plus que jamais, c’est plus de liberté pour entreprendre. Alors que c’est prouvé que plus de liberté économique favorise la libre concurrence, contribue à l’innovation et mène un pays à la prospérité générale, le Burundi devrait revoir certaines lois et décrets en les purifiant de toute forme de monopole, forger des politiques solides visant à combattre le favoritisme et le népotisme et bannir le protectionnisme au profit du libre-échange.

Egalement, le Burundi devrait adopter des réformes de réglementation qui contribue à un environnement qui prône le libre marché en réduisant l’interventionnisme étatique qui souvent est la source du favoritisme pour que non seulement les entreprises puissent s’épanouir, mais aussi pour que les consommateurs puissent bénéficier plus de liberté de choix.

Apropos de nous:

Institute for Economics and Enterprises est une organisation independante, elle promeut les principes du libre marché et rêve à un Afrique libre et prospère.

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