Selon le rapport annuel du secteur d’assurances (exercice 2020) de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances ARCA, au Burundi, le taux de pénétration des assurances a passé de 0.87% à 0.93 % de 2019 à 2020. Malgré ce léger progrès enregistré en 2020, ces chiffres sont loin d’être satisfaisant.

Les chiffres sont témoins. Sur toutes la population burundaise seulement 0.41% bénéficient d’une assurance vie et 0.52% ont une assurance non vie ce qui réalisent un ratio total de 0.93% des burundais bénéficiaires des services d’assurances. Corollairement, Le chiffre d’affaires global du marché a augmenté d’environ 8 milliards de Fbu, passant ainsi de 54,3 milliards de Fbu en 2019 à 62,1 milliards de Fbu en 2020.

Une relation infidèle comme cause ?

Les défis qui plombent le secteur d’assurance burundais sont légions. Cependant, ils sont liés d’une part de l’inconscience et le laxisme de la population vis à vis des assurances, ainsi que la complexité des services d’assurance surtout quand il s’agit d’indemniser les victimes. Ici, nous évoquons les longues démarches, allant même jusqu’à saisir les juridictions compétentes pour être indemniser.

Nahimana (Pseudo) est statisticien, consultant dans le secteur des assurances, pour lui, au-delà des sensibilisation; les assurances opérant sur le sol burundais doivent avant tout améliorer leur service pour fidéliser les clients afin d’attirer d’autres : ” Le gouvernement, les entreprises d’assurances fournissent les efforts nécessaires pour mobiliser la population à tous les niveaux, nonobstant; les résultats restent minime parce que la plupart ont encore tendance à remettre en doute l’efficacité des services d’assurance. “

Cet universitaire ajoute aussi que la pauvreté récurrente ne fait qu’enfonce le clou. Il explique que le prix des services d’assurances coûte les yeux de la tête comparativement au revenu moyen d’un burundais qui ne dépasse pas même un dollar par jour alors que par exemple le prix de la carte d’assurance maladie vaut entre 25 000Fbu et 100 000fbu, soit entre 12 USD et 50 USD respectivement.

Défis à relever.

Les burundais ne prennent pas l’assurance, soit par ignorance, soit par laxisme. Mais à cela, il faut aussi souligner l’importance du respect des contrats lorsqu’un évènement assuré se réalise. La grande partie de la population ne voit pas l’importance des assurances car souvent ces sociétés affichent de la lenteur dans l’exécution de la part de leurs contrats. Et d’ailleurs, l’autre partie de la population y sont par obligation car elle est souvent lésée lorsqu’elle est demande les services à leurs sociétés et en cas de l’indemnisation si un cas assuré arrive. C’est le cas des fonctionnaires étatiques ou privés qui sont assurés par leurs boulot et des propriétaires de certains biens comme des voitures qui sont contraints de le faire pour avoir accès sur la route. Certainement que les burundais ne voient aucuns avantages dans l’achat des assurances en raison de la lenteur dans la régularisation des frais d’assurance. Cependant, l’assurance est la seule garantie qui protège les biens, les services et la santé en cas d’accidents et maladies.

A côté de 15 entreprises d’assurances agréées au sein de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA), 31 sociétés de courtage en assurances sont reconnues au niveau de cette institution, un nombre qu’on dirait suffisant pour couvrir tout le territoire national. Contrairement, au nombre, c’est

la qualité et l’efficacité qui satisfait les clients et qui les attire ; raison pour laquelle les entreprises d’assurances doivent avant tout améliorer leur service et permettre l’indemnisation des victimes dans les délais raisonnables.

C’est une réalité que le secteur d’assurance burundais est parsemé d’embûches malgré qu’elle est parmi peu de secteur libéralisé au Burundi. Pour changer la donne, il faut d’abord mettre en place des stratégies nécessaires pour sortir de l’extrême pauvreté les 70% des burundais et aussi améliorer l’efficacité et la qualité des prestations des sociétés des assurances pour gagner la confiance des adhérents, car ce sont ces dernières qui sont la cause principale de la baisse du taux de pénétration des assurances.

Par Edgar Mugenzi, Analyste.

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